Que le temps de la campagne s’éloigne. Souvenez-vous, à une époque révolue, un candidat rouge effrayait les hautes sphères de la société Française. Mélenchon séduisait, interrogeait les citoyens sur la réalité du partage des richesses en France. Les stratégies de tant d’édidocrates s’écroulaient sur eux-mêmes. Hollande n’était alors plus assurée d’une victoire facile par la simple image d’antisarkozyste.
Dans ces jours précédents avril, les Français semblaient vouloir une gauche à l’ancienne, sûre d’elle-même, revendicatrice et offensive. Hollande, par nécessité électorale, se devait alors de bouger. Aubry a surement du dire, avec sa connaissance du personnage, «durcir la mollesse de son discours»…
Ainsi, un soir où Mélenchon réunissait plusieurs dizaines de milliers de militants dans une salle de province. Hollande, face à une Ferrari ahurie, affirmait vouloir imposer à 75 % les revenus des riches gagnant plus d’un million d’euros annuels.
Voilà une idée qui est pas mal : taxer les riches par l’impôt. C’est même un des droits de l’homme. En effet, rappelez-vous l’article XIII d’une fameuse déclaration écrite dans des temps pas si étranger en 1789 qui disposait que : « Pour l’entretien de la force publique, et pour les dépenses d’administration, une contribution commune est indispensable. Elle doit être également répartie entre tous les Citoyens, en raison de leurs facultés ». Ainsi, dixit la DDHC, sans répartition juste des richesses et sans progressivité de l’impôt, il n’y a pas de liberté dans la société. Cette dernière est dépendante de l’égalité face à la charge publique.
75 %, c’est moins que notre taxe confiscatoire qui était de 100 % au-dessus de 360 000 € annuels. Ce qui, tout de même, laissait 30 000 euros mensuels d’argents de poche à nos pauvres amis nécessiteux.
Au Front de gauche, nous voulons un impôt progressif, justement car il permet cette répartition des richesses, préalable à la concrétisation politique des Droits de l’Homme. Le gouvernement se refuse pour l’instant à créer de nouvelles tranches d’impôt sur le revenu. Ainsi, les écarts restent trop importants. Il n’a pas profité de sa proposition pour améliorer la progressivité et l’efficacité de l’impôt.
Avant de continuer, j’aimerai expliquer pourquoi il me semble nécessaire de s’approcher des 100 % au-dessus de 360 000 euros avec une véritable progressivité plutôt que le simple artifice marketing désuet qu’est au final la tranche de Hollande à 75 %.
Il me semble nécessaire de s’approcher des 100 % au-dessus de 360.000 euros avec un impôt progressif plutôt que le simple artifice marketing désuet qu’est la tranche de Hollande à 75 %.
Dans une patrie du communisme sanguinaire, les États-Unis, à une époque où le monde connaissait une croissance bénéfique pour le plus grand nombre, la dernière tranche de l’impôt sur le revenu était fixée à 91 % de 1941 à 1964. Roosevelt l’avait imposé. Elle perdura jusqu’à Nixon. Ce même Nixon qui a réunit les conditions préalables au dérèglement de l’économie mondiale et à qui on doit, si on veut être juste, une partie de nos malheurs.
Ainsi, dans le pays chantre de l’économie de marché, les dirigeants avaient compris que le gavage de certains était contre-productif à l’intérêt général. Il fallait mieux imposer les plus riches que d’appauvrir la majorité, ce qui revenait alors à tuer l’avenir de la nation et donc, un jour ou l’autre, amener au malheur général, y compris à celui des plus riches. Malgré cette tranche à hauteur de 90%, les riches contribuables américains continuaient toujours de l’être.
Aujourd’hui, si les États s’endettent, c’est justement parce que partout dans le monde, le taux d’imposition des plus hautes fortunes a été réduit. Face à ce manque à gagner fiscal, les États n’ont d’autres solutions que de se serrer la ceinture.
Le pire, c’est que ce n’est pas suffisant. L’austérité étant contre-productive, il est nécessaire d’aller chercher du cash ailleurs. Voilà la véritable cause de l’endettement. Les classes politiques ont décidé de ne plus imposer ceux qui pouvaient l’être. Cela oblige forcément, rapidement, d’aller presser les classes populaires et moyennes. Ainsi, ces dernières ne peuvent plus soutenir la consommation et combler le manque à gagner laissé par les plus riches qui eux ne cessent de s’enrichir. Le cercle vicieux est initié. Nous sommes en plein dedans. Comme dans les années qui suivirent 1929.
La France a besoin de son « New Deal », de sa « Révolution citoyenne ». Il faut un électrochoc fiscal qui puisse permettre à l’état de se financer sans enrichir les banquiers (emprunt sans intérêt à la BCE), mais surtout qui offre l’opportunité de reprendre l’argent qui alimente les bulles spéculatives, c’est-à-dire la richesse abusive des riches.
Dans un état de Droit, cela ne se fait pas avec des marteaux ou des faucilles, mais par l’impôt que les parlementaires, représentant le peuple, vote chaque année. Ainsi, en créant un salaire maximum et en imposant très fortement les plus fortunés, l’État se retrouve à nouveau maitre de son destin. Il peut mener les politiques que le peuple considère comme prioritaires.
La nation peut alors investir dans la bifurcation écologique, l’éducation, le logement, la santé… Nous pouvons faire de l’assouvissement des besoins humain l’égal des grands chantiers du New Deal.
Vous comprenez donc que je trouve inutile la taxation à 75 % de Hollande. Le taux n’est pas suffisamment fort pour casser le cercle vicieux que j’ai cité plus haut. Malheureusement, l’intégration de cette taxe dans un programme structuré fait défaut, or c’est ce qui lui assurerait l’efficacité du prélèvement et de la relance. Un impôt confiscatoire, mais nécessaire, doit être forcement accompagné de mesure limitant la libre circulation des capitaux (que les riches partent, on garde les coffres !) et de la création de l’impôt-citoyen-français (à l’image des USA, où que l’on soit dans le monde, un français devra payer sa différence fiscale à la France).
La mesure d’Hollande n’est pas aussi assez radicale. Un impôt, pour qu’il puisse être compris et accepté, doit être juste. Pour être juste, il doit s’appliquer de la même façon à tous. Or, Hollande, dans une vision électoraliste du paysage politique français, ne veut pas imposer les artistes et les sportifs…
Hollande crée donc des privilèges et casse le sens politique de sa décision. C’est dommage, car cela offre aux opposants à la justice fiscale des arguments faciles et des exemples tronqués.
La France a besoin d’un véritable courage fiscal. Nous avons besoin d’une révolution fiscale portée et imposée par la souveraineté populaire. L’impôt citoyen, c’est celui qui permet à tous de vivre convenablement. Imposons-le rapidement !