Au lendemain d’un « apparent » échec, une même danse semble perpétuellement se jouer. Les uns défendent aveuglément une stratégie qui a échoué. D’autres profitent de l’obscurité pour venir briller sur l’estrade et déverser leurs haines et leurs critiques avec une caravane de « si ».
Par la confiance que vous me m’accordez en me lisant toujours plus nombreux, je vais essayer d’analyser les résultats des législatives avec un peu plus d’intelligence. Vous le méritez !
À l’aune du score des 12 % des présidentielles et des 4 millions de suffrages acquis, hier, le front de gauche n’a pas pleinement confirmé. C’est un fait, nous ne réunissons que 7 % des suffrages. C’est trop peu pour influencer parlementairement la prochaine mandature. Le parti socialiste va sortir majoritaire dans la prochaine chambre. Ils détiendront dimanche prochain la quasi-totalité des pouvoirs politiques. Ils n’auront donc dorénavant plus aucune excuse pour ne pas véritablement « changer la vie ».
Mais avant de parler des cinq prochaines années, restons un peu sur la réalité de cette élection législative. Le Front de Gauche est la quatrième force électorale du pays. Parler d’échec pour un tel résultat, acquis en seulement 3 ans d’existence, serait lourd de pessimisme. Après avoir quadruplé le score du PCF à l’élection présidentielle, nous réussissons l’exploit constant de doubler celui de juin 2007. Mais là, nous trouvons une leçon qu’il faut retenir et répéter autour de nous. Bien qu’en doublant nos voix et renforçant notre présence dans l’échiquier politique, nous n’aurons visiblement pas plus de députés que la fois précédente. Voilà une démonstration de l’obsolescence de ce mode de scrutin et de découpage inique. D’ailleurs, couplez cette ineptie démocratique avec une abstention dépassant les 42 % et vous obtenez simplement un « coup d’État démocratique ». L’Assemblée nationale ne peut plus se prévaloir aujourd’hui de représenter la réalité de la nation. Un comble qui en cache bien d’autres dans cette vieillissante 5e république…
Mais abandonnons le terrain institutionnel pour revenir sur celui du politique. En 3 ans d’existence, nous réussissons à être la 4e force politique du pays. Nous sommes malheureusement encore loin du trio de tête. Nous ne pouvons le nier. Nous ne pouvons l’oublier d’autant que nous sommes affamés et impatients. Il y a encore beaucoup de travail à mener et de nouvelles stratégies politiques à adopter pour réussir à sortir le pays de l’austérité agressive et de sa soumission honteuse aux marchés.
Ainsi, sans crier avec les loups, nous ne devons pas faire l’économie d’une analyse de nos derniers mois de campagne. N’imitons pas les erreurs du PS dans cette dernière décennie. Nous ne sommes pas encore assez fort pour éviter des remises en questions. Sans suivre le vent, nous devons comprendre la direction dans laquelle il souffle pour lever nos voiles.
La stratégie « front contre front » unilatérale est visiblement un échec. N’ayons pas peur du mot. Nous ne pouvions le savoir préalablement. Nous avons fait un choix. J’y ai personnellement adhéré. J’ai « fait le job » ces dernières semaines. Vous n’avez qu’à me relire. Je ne me dédirais pas !
Ainsi, revenons à la genèse de ce choix. Lors de l’élection présidentielle qui fut un succès pour notre jeune mouvement, nous avions articulé notre campagne sur deux points, le social avec l’augmentation du SMIC, la planification écologique par exemple et la « chasse » à la chatelaine de montretout.
Nous avions aucune visibilité sur lequel de ces deux arguments fut le plus perçant et le plus mobilisateur pour la masse des citoyens. Ainsi, après réflexion, nous finîmes par choisir de renforcer notre bataille idéologique contre le FN. Sans le vouloir, par le jeu médiatique, nos arguments sociaux disparurent des articles de presse. La presse, le sourire et la bave aux lèvres se délectèrent de notre naïveté. D’un combat éminemment politique — nous le pensions sincèrement — ils en firent un « match », « une confrontation des ex », «un combat de boxe»…
Nous ne pouvons nier aujourd’hui que le choix d’Henin, involontairement, à effacer notre combat socialiste. Et à la vue de la plus faible dynamique que prévue, nous savons aujourd’hui que nous sommes plus fort et mobilisateur sur le social que sur le simple juste combat contre front national.
Henin n’est pourtant pas un échec. Nous progressons de mille voix alors que l’abstention double. Il ne nous manqua que 2 points pour réussir une démonstration de force politique. Les médias oublient de préciser que dans cette campagne, nous étions les outsiders ! Mais la faute pèse sur nous, personne ne nous força à y aller.
Mais sans tomber dans la fascination du chef, relativisons. La politique est une démonstration constante qu’un échec électoral ne pèse jamais sur l’avenir. Souvenons-nous, en 2007, le FN était présenté comme mourant. Aujourd’hui, il est malheureusement bien vivant… Or, au Front de Gauche, par notre jeunesse, notre diversité, notre ancrage militant qui ne cesse de se confirmer, nous sommes d’attaques et vent debout pour l’avenir.
Et maintenant, je reviens sur le rôle des socialistes dans la prochaine mandature. Le PS ne pourra se dédire de son prochain bilan. Il va mener la politique qu’il souhaite et avec la manière dans il entend. Nous serons là, dans l’hémicycle comme dans les rues, pour rappeler qu’il y a une autre politique possible à gauche et nécessaire contre le monde financier. Le politique a tous les pouvoirs ! L’état peut tout faire ! Il ne suffit que de le vouloir, d’ouvrir les portes et donc de lutter et d’expliquer les choses. Sans le pouvoir institutionnel, pour l’instant, nous lutterons et nous expliquerons. Nous lutterons et nous expliquerons avec Jean Luc mélenchon ! Nous lutterons contre la soumission aux marchés avec des militants comme Ian Brossat, Laurence Sauvage ou Fanfan. Nous expliquerons la réalité des traités européens avec des éclaireurs de consciences comme François Delapierre et Gabriel Amard. Deux candidats qui peuvent être fiers de leurs scores d’avant garde hier soir.
D’ailleurs, pour finir, nous serons certes une force parlementaire autonome et conquérante. Mais je nous vois surtout comme l’hémisphère gauche de l’assemblée et de la vie politique française. Comme pour notre éminent organe, l’hemisphère gauche est le centre de la parole donc des mots. Il est donc créateur de mondes. Et cerise sur le gâteau, l’hémisphère gauche est le centre de la décision « à la fin du mécanisme de pensée ». Je le répète donc, traversée du désert médiatique ou non, au final, nous serons le centre décisionnel de la gauche pour le bonheur de l’humain.