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Réenchanter les villes : l’exemple de montpellier

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2413265635_03b35209b4_zExister réellement en politique nécessite parfois de suivre les pavés d’une route bien sinueuse. Vivre des mots, se complaire dans un idéal qu’on s’évertue à rêver et à imaginer sans jamais prendre le courage de le concrétiser est un chemin facilement jouissif. Beaucoup s’y perdent. C’est une erreur, une piètre erreur qui se répète trop souvent. Agir, quand on a nos convictions au cœur, c’est réussir à capturer la lumière des étoiles de nos rêves pour enfin éclairer nos rues et nos yeux. Agir, quand on est au Front de Gauche, c’est transformer ces radicalités qui enflamment tout notre être pour les rendre enfin concrètes. Agir, ce n’est pas suivre un chemin, c’est le construire.  

Le temps des mots est révolu. Il doit laisser sa place à l’action. Une élection primordiale s’annonce. Les municipales arrivent et nous lancent un défi. Elles nous posent une simple question. Et cette dernière ne nous laisse pas l’occasion de rejeter nos responsabilités sur le monde tel qu’il est, sur l’organisation sociale ou bien sur nos propres faiblesses congénitales. Elle nous interroge simplement sur l’essence. Ces élections vont nous forcer à répondre : Aurons-nous suffisamment d’imagination pour transformer nos villes et construire ce chemin brillant, éclatant, transcendant qui nous mènera pourquoi pas vers des rêves étoilés que nul n’oubliera ?

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Que serait ce texte si je ne m’assujettissais pas à respecter mes propres recommandations ? Ainsi, de l’imagination, je vais tenter d’en avoir pour réussir à décrire concrètement dans cette ébauche une ville révolutionnée, ici Montpellier, par un programme que je souhaiterais pourquoi pas voir en partie porter par le Front de Gauche.

Montpellier fait partie de ces grandes villes qui concentrent une intelligence incroyable. Les universités y pullulent et sèment un savoir qui se lit et se transmet sur chaque visage. Elle est le lieu où l’imagination peut trouver ses meilleures architectes. Cette population est capable de prendre en main sa destinée collective. Aidons-y !

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Ainsi, nous pouvons faire d’elle le lieu d’une grande première européenne. Il suffit « juste » de réussir le passage à la gratuité des transports en commun pour une grande métropole. Définanciariser ce service public peut permettre de rompre les premières résistances idéologiques dans l’esprit des citoyens et leur permettre enfin de reprendre confiance au seul pouvoir que nous détenons tous chacun entre nos mains, celui de créer le changement.

La difficulté est ardue. Un passage à la gratuité du tramway et des bus sera suivi d’un bond énorme de la fréquentation. Cette difficulté, c’est d’ailleurs la plus belle des preuves que notre intuition politique est la bonne. Si la fréquentation augmente, par le passage à la gratuité, c’est bien que les tarifs étaient un obstacle à l’utilisation de ce service public. Ces obstacles, nous avons le devoir de les faire s’écrouler pour permettre à chacun de profiter de sa ville.

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Je vous l’affirme, si vous restez enfermé dans un bureau, des lunettes de comptables poussiéreuses sur le nez, à jouer avec les nombres comme des enfants s’amusent au mikado, vous risquez de vite abandonner cet acte de courage politique. De l’abandonner avant même de l’avoir réalisé…

Mais si nous décidons de faire preuve de courage, d’user de notre intelligence et de notre imagination, alors cette difficulté, nous pouvons réussir à la dépasser. Si vous vous soumettez à une logique « courtermiste », uniquement comptable, celle où penser loin signifie réfléchir sur un trimestre, alors oui, la gratuité des transports publics peut sembler être un joyeux suicide économique. Frais d’investissement en augmentation, factures à payer, je vous passe les autres détails, j’ai peur que certains s’évanouissent…

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Mais, rappelons-le, nous ne sommes pas au Front de Gauche pour réfléchir comme les autres. Nous n’avons pas constitué une force qui marquera l’histoire politique française pour s’arrêter à la première difficulté. La gratuité, ce n’est pas qu’un cout. Elle peut devenir une véritable richesse. Elle peut s’avérer être une véritable opportunité économique pour une ville dynamique comme Montpellier.

Réfléchissons, les flux sont toujours créateurs de richesse. Les déplacements aussi. D’autant plus que ces déplacements entendront deux types d’économies pour les citoyens. La première, c’est « l’économie sur les frais écologiques ». En effet, en diminuant le recours à la voiture, nous participerons à éviter de payer un jour cette dette écologique.

L’autre économie, plus concrète, c’est toutes ces factures que ne paieront pas les citoyens à la pompe et qui dévorent chaque semaine de plus en plus leur porte monnaie.

Et c’est là où notre programme peut prendre une ampleur radicale. Chaque proposition ne peut s’équilibrer que par un tout porté par une ambition forte. Car justement, si nous manquons d’ambition, alors les gains offerts aux citoyens s’évaporeront dans la nature et ne rentreront pas dans la fiscalité municipale pour compenser le cout de la gratuité. Mais si justement, nous continuons notre politique de transformation radicale, alors nous pouvons tout rééquilibrer.

Montpellier

Ainsi, il apparait qu’une politique de gratuité du transport public ne peut réussir que si dans le même temps, la ville favorise à tous les échelons le circuit court et une économie relocalisée. La ville, par un soutien économique, par des initiatives concrètes comme une monnaie locale, peut et doit inciter les commerces à adopter des produits locaux. Par ce choix, nous permettrons d’engendrer un cercle vertueux au plan local.

Rendre le salarié libre de ses déplacements, cela peut s’avérer être également une aubaine pour les entreprises. Ainsi libéré du chèque transport, l’entrepreneur peut voir en plus des économies tout l’intérêt de s’installer dans une ville où les salariés sont libres de leurs déplacements. La gratuité d’un service public peut donc créer des emplois et engendrer des recettes fiscales même dans le privé.

En ce qui concerne les dépenses d’investissements qu’engendrons forcement l’achat des nouvelles rams de tram ; la solution face à ce problème est dans la phrase ! Ce sont justement des dépenses d’investissements qui nous sont nécessaires, possibles et utiles de faire passer par l’endettement. Restons cohérents avec notre discours national. Ces biens seront concrets. Ce n’est pas un cout. C’est un patrimoine que se partagera l’ensemble des habitants. Et si la dette nationale n’est pas payée, ce pour quoi nous militions, il est donc légitime et logique de dire que cela s’appliquera également au plan local.

Une politique municipale du Front de Gauche, c’est aussi concevoir autrement les rapports humains. C’est amplifier le service public, car il est créateur de richesse et d’activité. En répartissant les services publics sur l’ensemble du territoire, chose qui ne serait plus un problème avec la gratuité des transports, on permettra à chaque quartier de se dynamiser. Imaginons par exemple que nous utilisons le foncier disponible de la ville pour permettre le développement rapide des jardins familiaux. La ville pourrait également favoriser l’accès aux semences en favorisant l’achat de gros tout en sollicitant les agriculteurs locaux pour offrir des formations aux citoyens. Les récoltes ainsi obtenues pourraient, au souhait de la famille, se répartir entre ses besoins et si surplus il y a fournir les cantines scolaires.

D’autres services publics créatifs et émancipateurs sont possibles.  

La ville, par sa clause de compétence générale, doit être créative dans ses rapports avec l’économie locale. On peut imaginer un interventionnisme fort de soutien aux petits commerçants et aux petites entreprises locales. Dans une logique de politique de relance, nous pourrons les inciter à réfléchir aux besoins des citoyens et à concevoir, en contrepartie de notre aide financière, une organisation plus sociale de l’entreprise. Nous pouvons même imaginer un pacte où chaque aide offerte par la municipalité doit être compensée par un accord interne où les écarts salariaux ne seront pas plus grands que de 1 à 5.

2414058926_f1ce84fd93_zLes municipales doivent être également un fort moment de politique. Elles ne sont pas étrangères à la réalité du pays. Faire un programme en contradiction avec nos propositions nationales ou qui les ignore, c’est inciter le citoyen à rester chez lui.

Nous ne devons pas faire cette erreur commune. Politisons ! Symbolisons localement le conflit entre l’austérité et notre politique de relance.

Imaginons que notre politique de relance locale inquiète tellement le préfet qu’il souhaiterait superviser nos dépenses par la tutelle. Alors la victoire politique sera notre. Elle sera notre à double raison. La première, c’est qu’il faut être bien naïf pour croire qu’une préfecture a les moyens humains ou même la force politique de mettre sous tutelle la 8e ville de France.

le manège de hollande peut prendre fin

le manège de hollande peut prendre fin

La deuxième, c’est que par les critiques du gouvernement et de ces services déconcentrés, nous apporterons aux citoyens une preuve concrète et indiscutable que Hollande est contre la croissance et la relance. N’oublions pas qu’il ment chaque jour en disant qu’il lutte contre l’austérité. Là, nous pourrons clouer sa main à ses propres mensonges. Profitons-en !

Ce texte ne fut qu’une brève ébauche. Fébrile à plus d’un titre, mais il constitue pour moi les premiers pavés de ce chemin qu’il nous est nécessaire de construire. Pavé après pavé, lutte après lutte, bonheur après espoir !



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