Aujourd’hui, un mal nous ronge. Il s’attaque à tout. Partout, il s’infiltre, rendant l’avenir incertain. Cet ennemi, c’est la précarité.
L’humanité a toujours lutté contre la précarité dans son histoire. De la précarité des récoltes, nous avons fondé l’agriculture. De la précarité de la transmission du savoir par l’oralité, nous avons bâti l’écriture. De la précarité de la solitude, nous nous sommes donnés à l’amour.
Face aux aléas de la vie, l’humanité cherche et cherchera toujours à se mettre à l’abri.
C’est de ce mouvement de fond qui sillonne notre histoire qu’est né, par la conquête sociale, le contrat à durée indéterminée (CDI). Grâce à lui, la précarité n’avait plus sa place dans le monde du travail. Chacun, par la sécurité professionnelle, pouvait se projeter dans l’avenir, monter des projets de vie, construire une famille et participer à la vie sociale de son pays.
Mais, depuis quelques décennies, la réaction patronale a décidé de mettre à mort notre sécurité. Cela a commencé par l’augmentation des stages, de l’alternance, des CDD… En rendant de plus en plus minoritaire le CDI, le patronat a affaibli tous les salariés et plus seulement les jeunes.
Aujourd’hui, nous sommes tous des précaires ! Personne, que ce soit l’ingénieur en CDI ou le jeune intérimaire, n’est libre d’anticiper quoi que ce soit. En créant le précariat, le Medef et ses amis nous ont volé notre présent et ont confisqué notre avenir.
Comment peut-on se loger avec un contrat dont on ne sait le terme ? Comment fonder une famille alors que l’on n’est pas certain de conserver son emploi ? Comment vivre quand on nous prive de stabilité ?
La précarité affaiblit tous les salariés ! En généralisant les petits salaires de misère et la peur des lendemains, elle gèle l’économie. Pour relancer les investissements et la consommation, mettre un terme au chômage, il faut permettre au citoyen de pouvoir se projeter dans l’avenir. Personne n’investit avec la peur au ventre.
Généraliser le CDI est une nécessité. Lutter contre l’accord national interprofessionnel (ANI) en est une autre. Car l’ANI est aujourd’hui un acte de généralisation de la peur et de l’insécurité à tous les salariés. Si la loi passe en l’état, personne ne pourra désormais voir son futur sereinement.
La précarité s’attaque et s’attaquera à tous. Elle est un bâillon qui vient se poser sur nos lèvres. Par la peur, elle nous empêche de lutter et de l’ouvrir. Ainsi, elle vient réduire progressivement le salaire du cadre, comme celui de l’intérimaire.
La précarité n’est pas une clause contractuelle. La précarité, c’est notre réalité. C’est le masque dont le capitalisme a décidé de s’affubler pour nous effrayer. Par la peur, par le manque, par le chômage, la précarité est là pour nous avilir. L’humanité a besoin de sécurité. Abolissons le précariat ! Pour vivre enfin !