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Imposons le débat sur la réduction du temps de travail !

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Il y a des choses vouées à jamais au mystère. Rien ne peut y faire. On a beau prendre le problème à bras le corps, le tordre, le torturer et se torturer, l’absence de sens et de vérité s’impose à nous à jamais. C’est alors comme une claque qui nous frappe et marque notre peau pour l’éternité. Ainsi, nous sommes condamnés à être pour toujours différents. Rien ne permet de retrouver l’innocence passée. Rien ne peut amener la douleur, qui nous lance la joue, à disparaitre définitivement. Le sens et la logique nous sont nécessaires pour avancer. Rassurantes, elles permettent d’affronter le chaos quotidien de la vie. L’absence de sens, le mystère en politique sont ravageurs. Ils brisent le coeur. Ils enragent chacun. Ils sont responsables de tant destruction d’espoir et d’avenir.

Cette semaine nous fumes chacun confrontés à cette absence de logique, de sens, de bon sens même. Le premier ministre a évoqué son intention de permettre l’ouverture du débat sur l’augmentation du temps de travail. Voilà donc un « socialiste » qui souhaite qu’on parle de la diminution du salaire et de la liberté des travailleurs. Où est le sens ? Où est la logique qu’un homme de Gauche souhaite débattre de cela ?

Je peux me tromper, mais pour moi, l’essence de la gauche, c’est l’émancipation. C’est la libération de chacun et de chacune des contraintes du quotidien. C’est permettre à chaque citoyen de vivre et ne plus simplement survivre. La Gauche, dans l’histoire, a toujours cherché à donner sens à son action. Cela, elle l’a pu en promouvant et en appliquant la diminution du temps de travail. Plus qu’un mot d’ordre, plus qu’un élément programmatique, cette ambition a toujours été la preuve de son engagement profond et sincère pour les plus démunis. À chaque diminution, un autre monde nait, un monde plus joyeux, plus libre, simplement plus humain.

Dois-je vous rappeler que tant de manifestations et de luttes se sont finies dans le sang au XIXe Siècle et XXe siècle pour obtenir cette réduction légitime ? Pour tous ces réprimés, le mot d’ordre était simple et nous parait aujourd’hui tellement logique : ils croyaient à juste titre qu’une France de la journée de 8 h était possible. Ils avaient raison ! Pour cela, il a fallu attendre le Front populaire qui, dans l’euphorie générale, tenta d’imposer ce principe de liberté. Mitterrand lui, fraichement élu en 1981, diminua le temps de travail à 39h hebdomadaire. Il fut suivi une décennie plus tard par Jospin et la semaine des 35 heures. Voilà ce qui est la réalité de la gauche au pouvoir, voilà là où ayrault et hollande devraient persévérer !

Disons la vérité. Nous travaillons pour vivre. Nous ne vivons pas pour travailler. Le temps libre permet à l’esprit de se libérer. Chacun peut alors se vouer à une passion, à un engagement, à lui-même. Diminuer le temps de travail, c’est rendre chacun artisan et artiste de sa propre vie et du monde.

La réduction du temps de travail permet de lutter contre le chômage par le partage. Sortons tous quelques instants de la logique néolibérale et productiviste qui veut que l’homme existe uniquement pour produire et accumuler. Dans son histoire, l’humanité n’a jamais autant produit qu’aujourd’hui. Sommes-nous pour autant plus heureux ? Ma génération se sent-elle plus libre et plus émancipée que celle de mes parents et arrières grands parents ? Produire n’est pas un but en soit, travailler encore moins. Le sens, on le trouve dans l’utilité pour autrui et dans la coopération ! La preuve, qu’est qu’une bibliothèque sans lecteurs ? Rien ! Qu’est-ce qu’un livre sans être lu ? Rien ! Pourtant, la lecture n’est qu’une expression de la coopération entre l’auteur et le lecteur. Et c’est cette dernière qui permet au sens d’émaner et à l’utilité d’exister.

Réfléchissons quelques instants en abandonnant les concepts qui brouillent notre perception de la réalité. Pourquoi travaillons-nous tous ? Chaque matin, nous nous levons pour réussir à nous nourrir, à payer les factures, à nous assurer un toit qui nous garde des aléas de la nature et du climat. Nous oeuvrons donc chaque jour pour répondre à nos besoins organiques.

Aujourd’hui, la planète peut nourrir plus de 10 milliards d’être humain. En France, notre intelligence collective et notre savoir-faire nous permettent de construire les habitats qui manquent et de répondre aux besoins de chacun. Personne ne devrait manquer !

En oubliant les règles comptables, en partant simplement des besoins, nous pouvons déterminer ce que la société doit créer. Pour cela, la concurrence, cette carnivore de vie et de temps humain, est inutile ! Regardez, le monde qu’elle nous lègue. Les travailleurs se sentent inutiles dans leur entreprise. La société a perdu tout sens. La nature se détruit pour produire de l’inutile. Des hommes et des femmes souffrent dans leur entreprise pour rien au point de se suicider sur leur lieu de travail… Le monde de la concurrence libre et non faussé est à l’oeuvre et il ne fonctionne tout simplement pas. C’est notre réalité !

Ainsi, si aujourd’hui l’appareil productif est suffisant pour répondre et donner le nécessaire à chacun, pourquoi condamner quelques-uns à ne pas profiter de leur vie et enchainer d’autres au chômage à perpétuité ? Comment ces citoyens au chômage peuvent-ils se sentir émancipés ? On leur prive de toute utilité sociale. On leur interdit de donner sens à leur vie en leur permettant de créer et de participer. La société se prive de leur intelligence et de leur imaginaire pour simplement assurer la plus value de quelques-uns.

Je l’affirme, en réduisant le temps de travail, en le partageant et en répondant au besoin de tous, nous offrons à l’humanité la liberté.

C’est pourquoi j’ai aimé et je milite pour la logique du programme du Front de Gauche qui s’appelait l’humain d’abord. Mélenchon l’avait dit. Notre programme n’était pas viable avec la logique comptable du monde actuel. Il l’était quant à la vie. Il l’était quant à la réalité. La réalité qui fait que chaque homme et chaque femme ont besoin de nourriture, de confort, de soins et de temps. Ce temps, c’est le temps libre. Ce temps est loin d’être relatif. Ce temps, il justifie simplement l’humanité et la vie.



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